[LIBERATION] Mobilisation - Orange en grève, une première depuis vingt-cinq ans pour créer un «rapport de force»
Plusieurs rassemblements sont prévus ce mardi devant les sites régionaux du groupe télécom. L’objectif principal est d’obtenir une revalorisation salariale.
Salaires, recrutements, investissements… Les dossiers sur lesquels syndicats et direction d’Orange s’opposent depuis des mois sont nombreux. Ce mardi, les syndicats de l’opérateur appellent à la grève. Une première dans l’entreprise depuis 1996. Une mobilisation dont les organisateurs espèrent pouvoir se servir pour créer un «rapport de force». Le principal point de tension : une décision unilatérale de revalorisation salariale inférieure à l’inflation, annoncée par la direction durant l’été.
CFDT F3C, CGT FAPT, FO Com et Sud-PTT : ils étaient quatre, mi-juillet, à avoir refusé de signer l’accord issu des négociations annuelles obligatoires (NAO) sur les salaires, déplorant «une revalorisation inférieure à celle du Smic». Deux mois plus tard, les quatre syndicats représentatifs de l’opérateur appellent conjointement à la grève, pour «sauvegarder le pouvoir d’achat», avec l’ambition de créer «le rapport de force nécessaire».
Alors qu’Orange espère réaliser un milliard d’euros d’économies d’ici à 2023, d’autres revendications sont avancées à l’occasion de la grève : «des recrutements pérennes», «l’arrêt de tous les projets de restructuration» ou encore «un investissement massif dans de réelles politiques sur l’emploi, les salaires, la R&D et le développement et maintien des réseaux». Seul le syndicat CFE-CGC ne participera pas à la mobilisation.
«Ils ne tiennent pas compte de nos demandes»
En amont de la mobilisation, le géant des télécoms a lancé la semaine dernière une opération d’actionnariat salarié portant sur environ 1% du capital du groupe et réservée à ses quelque 140 000 employés. «Il peut y avoir des poches de crispation», admet-on du côté de la direction d’Orange, qui attend de voir «le résultat de la grève» pour juger de son ampleur. Blâmée par ailleurs pour la réduction des effectifs, la direction met en avant la «période de transition des effectifs et des compétences» dans laquelle Orange est engagé. «On ne va pas faire recroître les effectifs globaux», mais des recrutements sont prévus «dans le cloud, le cyber, la data et l’intelligence artificielle», se défend l’opérateur.
La mobilisation de ce mardi survient dans un contexte où ses organisateurs déplorent l’appauvrissement des échanges avec la direction. «On a réussi à avoir une unité parce qu’on est tous d’accord que le dialogue social se dégrade», fait valoir Samira Gouja, déléguée syndicale centrale de la CGT. «On peut dire tout ce qu’on veut : quand ils arrivent avec une idée, ils ne tiennent pas compte de nos demandes», affirme-t-elle. Face à ce constat, les syndicats ont demandé l’ouverture de discussions en vue d’un «accord de méthode sur les négociations». Une première réunion consacrée à ce thème est programmée fin septembre.
par LIBERATION et AFP