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[REPLAY RADIO CLASSIQUE] EXCLUSIF – Crise énergétique : « Dégoupiller la réforme des retraites en hiver est dangereux », prévient Laurent Berger (CFDT)

laurent berger

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, était l’invité de Renaud Blanc ce matin sur Radio Classique. Opposé à un report de l’âge légal du départ à la retraite, il appelle le gouvernement à entendre les propositions des syndicats. Par ailleurs, le climat social se tend à mesure que l’hiver approche, alerte-t-il.

Le patronat est « schizophrène » au sujet de l’âge de départ à la retraite, accuse Laurent Berger

La deuxième phase des concertations pour la réforme des retraites, dédiée à la question de l’équité et de la justice sociale, devait débuter hier mais les réunions ont été retardées. Laurent Berger, chef de la CFDT, appelle le gouvernement à ouvrir cette deuxième phase rapidement, malgré des sujets « complexes » à traiter. « On a le sentiment que le gouvernement cherche un compromis politique pour faire passer la réforme au Parlement plutôt que le compromis social », lâche-t-il. Il vante notamment « l’intérêt » des propositions « responsables » des syndicats pour « l’emploi des seniors, les fins de carrières, les formations seniors dans les entreprises ». Le syndicaliste rappelle qu’en cas de « réforme purement paramétrique [qui modifierait uniquement l’âge de départ, la durée ou le taux de cotisation], la CFDT s’y opposera ».

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Laurent Berger fustige la « schizophrénie » du patronat : « il ne peut pas considérer qu’à partir de 55 ans, les gens sont trop chers et improductifs et de l’autre côté, expliquer qu’il faut travailler plus longtemps ». Certains chefs d’entreprises avec qui il échange ne voient pas, d’après lui, comment faire travailler leurs salariés jusqu’à 65 ans. Le patron de la CFDT promet que l’emploi des seniors de plus de 55 ans, avec des « dispositifs d’aménagement », peut se substituer à un report de l’âge de départ, qui serait nuisible pour la « deuxième ligne » que constituent les travailleurs de la propreté, de la sécurité, de l’agroalimentaire et du bâtiment. Après la dernière phase de concertation, portée sur la question de l’équilibre et du financement des régimes de retraite, l’exécutif est censé présenter sa réforme début 2023.

La CFDT ne participera pas à la grève du 10 novembre pour les salaires, organisée par la CGT

Les ménages modestes sont de plus en plus inquiets de la crise économique et énergétique, poursuit Laurent Berger. Selon lui, il va falloir tenir compte de ce contexte tendu pour les concertations sur les retraites. A cela s’ajoute une « conflictualité sociale très forte » sur la question des salaires, avec par exemple des mouvements en préparation chez Socotec, entreprise de conseil en gestion. « J’alerte sur l’ambiance sociale : dégoupiller cette réforme en plein hiver, c’est dangereux ! », martèle-t-il. Pour autant, Laurent Berger assume la non-participation de la CFDT à la vaste grève des transports du 10 novembre : « personne ne peut croire à une augmentation des salaires après une grande manifestation interprofessionnelle. Ca ne marche pas comme ça », assène-t-il. Il balaye aussi l’idée de « conférence salariale » du gouvernement, portée par Élisabeth Borne cet été. A part le levier de la conditionnalité des aides publiques, le gouvernement ne peut pas contraindre les entreprises à augmenter les salaires, affirme-t-il. « Le reste doit se jouer dans les entreprises et les branches ».

Clément Kasser