[REPLAY FRANCE INTER] La fatigue des Français inquiète la CFDT
Ipsos, la CFDT, la Fondation Jean Jaurès, les Restos du coeur... Tous s'inquiètent de la fatigue des Français. Douze chercheurs en sciences sociales vont se pencher sur ce phénomène.
Toutes les émotions ont des effets sur l’économie
C’est que Keynes, le grand économiste, appelait les “esprits animaux”- l’optimisme qui fait revenir la croissance, le pessimisme qui la déprime. Or en ce moment, quand les sondeurs demandent aux Français comment ils se sentent, le mot qui revient le plus souvent c’est le mot “fatigue”. C’est en tout cas ce que constate Brice Teinturier, le directeur d’Ipsos.
Dans la bouche des Français, “fatigue” a remplacé “colère”, et cela explique sans doute pourquoi l’élection présidentielle les intéresse si peu. Ils sont las.
Alors d’où vient cette fatigue, ce sentiment très lourd ? Pour Brice Teinturier, la réponse c’est l’individualisation des modes de vie, et notamment de la vie au travail, qui s’accentue avec le télétravail. Un point que Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a aussi très bien senti, puisqu’il vient de publier avec la Fondation Jean Jaurès, un petit rapport qui s'intitule “une société fatiguée”.
Et que dit ce rapport ?
Il constate, je cite, que _“ Tout se passe comme si l’action publique se concentrait sur les conséquences matérielles de la pandémie e_t abandonnait le reste à la sphère privée ou aux individus”.
Pour lui le gouvernement ne cherche pas de réponse à l’individualisation, mais à chaque problème il répond : “croissance”.
C’est la croissance qui va réduire les inégalités par les emplois qu’elle va créer. C’est la croissance qui va réduire la dette. Avec la croissance tout ira bien.
La CFDT et la Fondation Jean Jaurès ont un doute : peut-on se projeter vers l’avenir quand on se dit “fatigué” ? Pour eux, ne pas chercher à comprendre d’où vient cette fatigue, c’est “plus qu’une carence, c’est un danger” .
Et qu’est ce qu’ils proposent ?
Ils ont demandé à douze chercheurs en sciences sociales d’analyser la “fatigue” : l’économiste Claudia Senik, l’historien Patrick Boucheron, la sociologue Jeanne Lazarus, le psychiatre Serge Hefez…
On voit déjà des pistes, notamment le poids de la “fatigue numérique”, ce découragement qu’on ressent quand on ne peut pas venir à bout d’une démarche administrative sur Internet. Il est de plus en plus fréquent puisque la pandémie a accéléré la dématérialisation des services. C’est un beau sujet de campagne présidentielle.
A noter que tout n’est pas noir dans les premiers constats des chercheurs. Je vous recommande la note de l’économiste Claudia Senik, qui se demande si nous ne sommes pas fatigués de notre pessimisme, nous les Français. Mais elle l'a écrite avant le variant Omicron.
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