Sur la réforme des retraites, Laurent Berger dénonce une course à l’échalote des candidats sur l'âge de départ. "Parler retraite, ça devient de plus en plus compliqué si l'on ne parle pas du travail : aujourd'hui, la moitié des salariés qui partent en retraite sont déjà en inaptitude ou au chômage. Accepter que tous les Français travaillent plus, dans certaines professions ce n'est pas possible : il y a des professions où les gens travaillent très longtemps, et d'autres où c'est trop longtemps."
Pour lui, "dans le climat actuel, il faudrait cliver autour d'un chiffre. Si le débat présidentiel va sur la question de l'âge, on fait une bêtise et on n'est pas à la hauteur."
"Une réforme fiscale", notamment sur les droits de successions
Le leader syndical évoque aussi le scandale des Pandora Papers et de l'évasion fiscale à grande échelle. "Ça prive les ressources publiques de revenus imaginez ce qu'on pourrait faire avec ces 55 milliards à l'échelle européenne, pour la transition écologique, le monde du travail, les jeunes, la solidarité... L'optimisation fiscale des grandes entreprises, ça prive les travailleurs d'une partie de la richesse créée."
En France, il demande également une "réforme fiscale" pour lutter contre les inégalités : "Que les revenus du capital soient taxés au même niveau que ceux du travail, qu'on réfléchisse à la fiscalité du patrimoine : non, ça ne fait pas fuir les entreprises, il faut arrêter avec ça. Si c'est juste, ça ne les fait pas fuir."
Et pourquoi pas également une réforme des droits de successions : "10 % de la population française possèdent 50 % du patrimoine dans notre pays. Si ça, c'est pas un vecteur d'inégalité... C'est là que se joue une partie de la réduction des inégalités, et la possibilité de financer des risques en protection sociale qui sont nouveaux, comme la prise en charge de l'autonomie."
"Pour éviter la précarité, on tape sur les précaires"
Laurent Berger s'inquiète également, malgré la reprise de l'emploi, "pour tous ceux qui sont dans un chômage de longue durée : aujourd'hui il y a 2,8 millions de personnes en chômage depuis plus d'un an dans notre pays." Une situation qui ne va pas s'arranger avec la réforme de l'assurance chômage qui vient d'entrer en vigueur, selon lui : "Je n'arrive pas à comprendre la logique que pour éviter la précarité, on tape sur les précaires."
"Si on résume, dans la tête de certains, les chômeurs sont des profiteurs, les jeunes sont des fainéants, les salariés veulent pas travailler jusqu'à 67 ans..."
"Moi je suis inquiet de ce type de logique, la représentation qu'on se fait de la jeunesse, des travailleurs... C'est pas vrai !", plaide le patron de la CFDT.