[REPLAY FRANCE INTER] Marylise Léon : "Emmanuel Macron ne parle pas vraiment aux Français : il parle aux politiques"
À 8h20, la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, est l'invitée du Grand Entretien. Elle revient sur la période d'instabilité politique qui s'ouvre depuis les législatives, et sur les réformes qui pourront ou non en émerger : retraites, Smic, pouvoir d'achat...
Avec
- Marylise Léon Secrétaire générale de la CFDT
"Il y a trois blocs qui se dégagent, aucun de ces blocs n'a de majorité absolue", rappelle Marylise Léon. "Si l'un des blocs veut gouverner, il faut pouvoir construire des alliances ou des compromis." Comme le souhaite le président de la République ? "Moi, ce qui me frappe dans la lettre d'Emmanuel Macron, c'est qu'il ne parle pas vraiment au Français. Il parle aux politiques, il parle aux députés. Hier, j'ai fait un courrier à l'ensemble des députés pour leur dire, comme vous le disiez tout à l'heure, qu'il faut compter aussi sur la société civile, il faut s'appuyer sur les forces syndicales, les forces associatives, les ONG, pour pouvoir réparer un peu notre démocratie. Parce qu'on est vite passé à autre chose : on a frôlé la catastrophe ! Je pense que si le RN était arrivé au pouvoir, on aurait été dans une toute autre configuration."
"C'est légitime que le bloc en tête pose les conditions"
Concernant le futur Premier ministre ou le futur gouvernement, elle estime toutefois que le choix est évident. "Moi, en tant que citoyenne, je pense que c'est légitime que le bloc qui arrive en tête [donc le Nouveau Front populaire, NDLR] pose les conditions, et qu'on parte de leur programme. C'est quand même ce qu'ont demandé les citoyens ! Je pense que c'est important aujourd'hui de respecter le vote. Personne ne peut faire comme si la question de l'extrême droite n'était pas majeure au moment de l'élection, et un député Ensemble qui a été élu ne peut pas prétendre qu'il n'y a que des citoyens qui ont adhéré à son programme. Il y a beaucoup de personnes qui ont voté Nouveau Front populaire au premier tour et qui ont dû voter Ensemble au deuxième tour. Il faut composer et il faut des compromis."
Et si le gouvernement était mené par un ancien dirigeant syndical, comme Laurent Berger (un nom évoqué par Raphaël Glucksmann) ? "La question lui a été adressée. J'en ai parlé avec lui et il reste fidèle à ses engagements. Ça a été un très grand syndicaliste, et il n'est pas d'usage que les responsables de la CFDT fassent de la politique. Dernièrement, il s'est exprimé sur la question du compromis. Je pense qu'il va rester fidèle à la tradition des secrétaires généraux de la CFDT. Il ne s'engagera pas en politique."
"Il faut augmenter le SMIC" et "abroger" la réforme des retraites
Dans le programme du NFP, il y a notamment le retour sur le recul de l'âge de départ à la retraite, un sujet particulièrement sensible après une réforme passée brutalement. "Moi, je ne fais pas un déplacement sans qu'on me parle de cette injustice sociale absolue du recul de l'âge. Son abrogation me semble indispensable, c'est une véritable attente. Après, ça ne veut pas dire que ça résout tous les sujets. La méthode qui nous semblerait la plus efficace, c'est de remettre les choses à l'endroit et de se dire : qu'est-ce qu'on voudrait avec une réforme des retraites ? Comment obtenir plus de justice sociale ? C'est ce que veut la CFDT."
Marylise Léon est également favorable à l'augmentation du SMIC voulue par la gauche. "Aujourd'hui, il y a 17% des travailleurs qui sont au SMIC et qui n'arrivent pas à vivre dignement : il faut augmenter le SMIC. Ma préoccupation, c'est que le SMIC, c'est un salaire d'entrée dans la vie active : rester scotché au SMIC toute sa vie, ce n'est pas possible. Donc la question de la dynamique des carrières professionnelles doit être posée. Et ça, c'est aussi un sujet sur lequel, par la négociation, on peut avancer. Je pense que le patronat aujourd'hui n'est pas suffisamment dans cette optique de pouvoir discuter, de négocier et de le faire par branche."