[LE TELEGRAMME] Orange : un tandem pour succéder à Stéphane Richard

égalité pro

Pour remplacer Stéphane Richard à la tête d’Orange, l’État préconise de dissocier les fonctions de président et de directeur général, idéalement en respectant la parité. Un attelage difficile à réunir avant la fin du mois, alors que l’opérateur est en attente d’un nouvel élan.

Qui pour piloter un paquebot de 143 000 salariés, dont 90 000 en France, et 42 milliards d’euros de chiffre d’affaires ? L’Élysée et Bercy s’activent pour trouver, avant la fin du mois, le nouveau dirigeant d’Orange, l’ex-opérateur historique France Télécom dont l’État est le premier actionnaire avec 23 % du capital. Le P-DG depuis 2011, Stéphane Richard, a dû écourter son mandat, rattrapé par l’affaire Adidas/Tapie et une condamnation fin novembre par la Cour d’appel de Paris pour complicité de détournement de fonds publics. ?

 

L’objectif de l’État est de placer un tandem à la tête de ce rouage essentiel pour la réussite de la numérisation des entreprises françaises et du déploiement du haut débit. Car « la doctrine publique est d’assurer une bonne gouvernance en dissociant les fonctions de président et de directeur général, comme c’est le cas chez Engie, Renault ou Air France », rappelle un administrateur d’Orange. Selon plusieurs sources, cette décision a exclu Nicolas Dufourcq, ex-patron de Wanadoo depuis à la tête de Bpifrance, qui visait un poste de P-DG.

Parité femme-homme privilégiée

Au tandem s’ajoute « la recherche d’une parité femme-homme, explique un proche du dossier. Ce n’est pas une obligation, d’autant que la gouvernance d’Orange est déjà très féminine, mais c’est un affichage important à la veille de l’élection présidentielle ». Stéphane Richard soutiendrait dans ce cadre la candidature de l’administratrice Christel Heydemann, actuelle vice-présidente Europe de Schneider. De son côté, ?la présidente de France Télévisions Delphine Ernotte, ancienne d’Orange, a rapidement remisé sa candidature : l’État ne souhaitait pas une vacance à la tête de l’audiovisuel public en pleine campagne présidentielle.

Le nouveau dirigeant doit être un expert des télécoms, capable de relancer une dynamique de développement forte

« Les cadres sont persuadés qu’il faut un profil à la Ben Smith, le Canadien placé à la tête d’Air France-KLM, rapporte un bon connaisseur d’Orange. Le nouveau dirigeant doit être un expert des télécoms, capable de relancer une dynamique de développement forte, après un troisième mandat de Stéphane Richard marqué par l’absence de décision stratégique et des opportunités manquées en Afrique et en Europe ». L’ex-opérateur historique s’est retrouvé déclassé du top 10 mondial en une décennie. Pour tous les observateurs, l’enjeu disqualifie les candidatures internes, celle de Fabienne Dulac (Orange France) comme du directeur financier Ramon Fernandez.

Conseil d’administration le 24 janvier

La recherche du mouton à cinq pattes s’avère plus compliquée que prévu, certains managers ayant décliné (Alexandre Bompard chez Carrefour) ou ayant été retoqué par l’État (Rodolphe Belmer arrivé récemment chez Atos). De nouveaux profils émergent ces derniers jours, notamment d’anciens d’Orange : Vivek Badrinath (Vodafone) ou Didier Quillot (ex-Ligue de football professionnel).

Pour le poste de président du conseil d’administration, sont cités les noms de Nicolas Dufourcq, Jean-Noël Tronc (autre ancien d’Orange qui a quitté la Sacem en novembre) ou encore l’ex-DRH Bruno Mettling. Représentant des salariés au conseil d’administration, Sébastien Crozier, élu CFE-CGC, a fait connaître sa candidature. Aucune solution ne s’imposant, le conseil d’administration convoqué le 24 janvier pourrait ne pas être conclusif.