En cette rentrée sociale et économique, Laurent Berger voit "beaucoup d’incertitude et d’inquiétude", "il y a des gens de plus en plus dans des situations difficiles et on a vu cet été les files des associations caritatives grossir"
Je crains des licenciements, des faillites et des plans sociaux (...). On craint un taux de chômage au-delà de 10% en fin d'année.
Le plan de relance : "il y a des manques"
"Je donne acte au gouvernement de réagir dans l’urgence avec des mesures nécessaires sur l’embauche des jeunes, l’apprentissage et sur le soutien au chômage partiel" concède Laurent Berger. Il poursuit : "sur la rénovation thermique et le fret ferroviaire (qui produisent de fortes émission de gaz à effet de serre) il y a des investissements massifs, mais il faudra que ça se concrétise".
"Il y a des manques dans ce plan de relance" nuance-t-il, "il y a un manque sur les ménages modestes, nous on voulait un chèque relance, il n’est pas là. On voudrait que les entreprises rendent des comptes. Il n’y a pas de contrôle social sur les aides données aux entreprises".
"Le plan de relance est nécessaire car il y a un effet blast pour se ressaisir le plus vite possible, mais çà ne nous inscrit pas dans un autre modèle de société, et un nouveau modèle économique. Cela reste une réponse conjoncturelle. Il faut se battre pour que ce soit efficace. Mais cette crise nous interroge sur la place du travail, sur le rôle des travailleurs les plus exposés. Sans eux on n’aurait pas fait face".
C’est l’exécution qui va compter et il va falloir réfléchir à un autre modèle de société.
Un commissariat au plan sera -t-il utile pour l'avenir ? "Un plan ce n’est pas une mauvaise chose, la question c'est encore faut il savoir où on veut aller".
Augmenter le temps de travail ? "Débile et idéologique"
Pour le secrétaire général de la CFDT, "augmenter le temps de travail à l’heure où 700 000 jeunes arrivent sur le marché du travail il va y avoir des centaines de milliers de chômeurs, c’est débile et idéologique, parce qu’aujourd’hui il n’y a pas assez de travail pour que tout le monde puisse en bénéficier".
Je défends un travail pour tous, un travail de qualité.
Interrogé sur le débat autour du mot "ensauvagement" utilisé par Gérard Darmanin, ministre de l'Intérieur, Laurent Berger explique que ce mot le "révulse","ça veut dire qu’il y aurait des sauvages…". Mais il précise que selon lui, "Mr Darmanin est trop intelligent pour ne pas maîtriser ses mots, il a utilisé ce mot car il y avait donc un intérêt."
"Il faut stopper ce type de débats, et pour cela ne pas prononcer ces mots. On n’ a pas besoin de mettre de l’huile sur le feu dans un société qui est assez fracturée"