[L'OBS] LAURENT BERGER “IL FAUT SE DÉCONFINER DE LA HAINE ET DE LA CONNERIE”
Le secrétaire général de la CFDT déplore le niveau de conflictualité dans notre société et propose l’idée d’un comité national chargé de mesurer et de combattre l’impact psychologique de la crise
Ce deuxième confinement ne ressemble pas au premier. Comme si les élans de solidarité avaient laissé place à une sorte de repli sur soi…
Oui. En mars, le virus faisait peur. Chacun comprenait la nécessité de se confiner, mais aussi de se serrer les coudes. Le socle économique était solide, le chômage avait baissé.Cela n’empêchait pas des difficultés, mais on pouvait encore se projeter vers l’avenir. Des solidarités se sont développées, on a aidé les entreprises, on a travaillé sur les trous existant dans le fi let de protection sociale. Le nouveau confinement est différent. Dans ses modalités – les enfants peuvent aller à l’école, par exemple : on a tiré les enseignements des inégalités que la fermeture des établissements creusait – mais pas seulement.
Le virus n’est plus considéré comme dangereux par tous. Les Français ont moins entête les difficultés que vivent les soignants. Autre grande différence, la situation économique s’est dégradée.
Les plus fragiles subissent une nouvelle fois ce confinement de plein fouet, mais à cela s’ajoutent des secteurs en crise, des plans sociaux,une montée de la pauvreté – il y aura10 millions de pauvres en décembre! Le moment est donc bien plus compliqué.Et hélas, le climat démocratique s’est lui aussi dégradé.C’est le règne des petites phrases,des « yaka », des anathèmes laissant peu de place à la discussion et au compromis.Je suis donc plus inquiet, tant sur la question sociale que sur les questions économiques et démocratiques.
(suite de l'article DOCUMENTS)